lundi 9 juin 2008

Le Grand Coulage De Bielle De Dédé

Pas de photo aujourd’hui !!! La faute au Grand Coulage de Bielle de Dédé...
Mercredi 21 août 1996, la journée commence mal au départ de Mansilla de la Mulas et de son camping inoubliable. Nous nous retrouvons séparés en 2 groupes, chacun attendant l’autre sans être sur d’être devant ou derrière.
Il y a ensuite une certaine tension à León, où Dédé insiste pour ne pas manger dans le centre ville mais trouver « un petit coin sympa ». L’idée est bonne, certes, mais c’est quoi « un petit coin sympa », exactement, et où le trouver ? Ratisser la banlieue de León à la recherche du petit restau bon et pas cher, pourquoi pas quand on a le temps et un véhicule automobile, mais à vélo, avec encore 40km pour boucler l’étape, cela ne me paraît pas judicieux. « Un tiens vaut mieux... » L’affaire se termine dans un restau sans âme où nous mangeons une cuisine du même acabit dans une légère mauvaise humeur...
Est-ce ce repas qui sera la cause de la suite des évènements ?
En effet alors que nous passons aux abords de Villadangos, nous nous rendons compte que Dédé « traîne la patte » : il est quelques mètres derrière le groupe. Un petit coup de fatigue ? Qu’à cela ne tienne, nous réduisons l’allure. Pour un résultat quasi nul, Dédé reste toujours à la traîne. Nouvelle réduction de train, toujours sans résultat. Je vois avec effarement la vitesse passer de 20 à 18 puis à 16 puis à 14 km/h. Il faut se rendre à l’évidence, Dédé est en train de subir un méga coulage de bielle. On essaie de s’organiser mais il est d’une humeur massacrante. Bonnaf’ se met devant pour prendre le relai en sifflotant style la-vie-est-belle-il-n-y-a-aucun-souci, c’est horriblement faux. L’allure est encore tombé, nous avançons à peine à plus de 10 km/h sur un relief pourtant très plat, et je gamberge furieusement. En effet il reste plus de 20 km, et rien ne dit que Dédé va pouvoir finir l’étape, et s’il y arrive, dans quel délai, et dans quel état ?
C’est dans cet équipage lamentable que nous arrivons en vue d’Hospital de Orbigo. Je prends en moi même la décision qui s’impose, nous allons nous arrêter à Hospital, trouver un commerce d’alimentation, s’il n’y en a pas demander à l’habitant, mais on fera manger, boire, et se reposer Dédé le temps qu’il faudra pour qu’il se requinque.
En plus cela tombe bien il y a un monument célèbre à Hospital de Orbigo, le pont roman, 20 arches, 204m, réputé pour la bataille du « paso honroso » de 1434. Pendant que Dédé se repose j’aurai le temps de photographier le pont sous toutes les coutures.
Nous passons donc sur ce fameux pont, je commence à repérer les angles de prise de vue possibles, et nous entrons dans Hospital.
- Dédé, on s’arrête
- Non.
- Dédé, on va s’arrêter un moment et manger un morceau !
- Non.
- Dédé, c’est pas raisonnable, arrête toi, tu es épuisé !!!
- Non !
Joignant le geste à la parole Dédé traverse Hospital sans marquer le moindre arrêt. Nous passons devant une épicerie qui ne suscite que le mépris de notre hypoglycémique. Le pont s’éloigne et mon appareil photo est resté dans sa sacoche... J’envisage un moment de faire demi-tour pour aller tirer quelques clichés, mais voilà qu’à ma grande surprise l’allure de Dédé augmente progressivement : 10, 11, 12, 14 km/h, mais oui Dédé est reparti ! Bien entendu pas question de briser le faible élan du moribond...

Dédé finira l’étape. Après une bonne nuit de repos dans la « cama matrimonial » de la cousine d'Astorga (et pas de la Tantine de Burgos), il repartira le lendemain comme si de rien n’était. (Je lui laisserai le lit pour lui tout seul, me contentant des coussins du canapé mis par terre, pour la pire nuit de tout mon périple).

Et dans le millier de diapos que je ramènerai de Santiago, il n’y en aura aucune du pont roman d’Hospital de Orbigo !!!

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